Quels enseignements tirez-vous de la défaite du Cameroun la semaine dernière face au Sénégal (0-1) ?
Le Cameroun n’a pas fait une bonne première mi-temps. Dans l’ensemble du match, ce n’est pas une belle prestation côté camerounais. En 2ème mi-temps, ils ont essayé de rectifier le tir, ils ont mieux défendu. Ce serait quand même tôt de tirer des enseignements de ce match même si la CAN arrive assez tôt. Il va falloir que Rigobert Song prépare bien son équipe pour cette coupe d’Afrique. C’est vrai qu’il y avait des joueurs absents, notamment Zambo-Anguissa qui est un joueur hyper important pour l’équilibre de l’équipe et qui sera là pour la CAN. Je ne dirais pas après ce match et celui de la Russie (0-1) qu’on s’est rassuré. Mais ce qui me rassure c’est que le Cameroun est toujours prêt le jour-J. Le Cameroun a cette faculté de passer d’une compétition à une autre, de passer d’un match amical à un match couperet. On attend de voir au mois de janvier ce qu’ils nous réservent.Est-ce que ça veut dire que vous les voyez rééditer le même exploit que l’équipe de 2017 dans laquelle vous étiez le capitaine ?
Ah oui ! D’autant plus que vous posez la question à quelqu’un qui la vécu (rires). Je l’ai vécu donc je sais ce dont les Lions sont capables, surtout lorsqu’ils sont dos au mur. On a eu du mal à se qualifier à cette CAN. On a vu les barrages (Mondial 2022) face à l’Algérie où l’on perd le match aller à domicile. Personne ne nous croyait capable de renverser l’Algérie chez elle. Récemment contre le Burundi où il fallait gagner le match pour passer. On le gagne d’une belle manière (3-0). Ce sont quand même des éléments rassurants. Quand on prépare une compétition comme la CAN ou la Coupe du monde, il faut toujours trouver des éléments qui peuvent vous rassurer à vous préparer et vous aider pendant la compétition. Nous avons cela. Bien sûr qu’il y a du travail à faire, des lacunes à gommer. On va laisser le soin au sélectionneur de trouver des solutions.Est-ce que ça veut dire que vous les voyez rééditer le même exploit que l’équipe de 2017 dans laquelle vous étiez le capitaine ?
Ah oui ! D’autant plus que vous posez la question à quelqu’un qui la vécu (rires). Je l’ai vécu donc je sais ce dont les Lions sont capables, surtout lorsqu’ils sont dos au mur. On a eu du mal à se qualifier à cette CAN. On a vu les barrages (Mondial 2022) face à l’Algérie où l’on perd le match aller à domicile. Personne ne nous croyait capable de renverser l’Algérie chez elle. Récemment contre le Burundi où il fallait gagner le match pour passer. On le gagne d’une belle manière (3-0). Ce sont quand même des éléments rassurants. Quand on prépare une compétition comme la CAN ou la Coupe du monde, il faut toujours trouver des éléments qui peuvent vous rassurer à vous préparer et vous aider pendant la compétition. Nous avons cela. Bien sûr qu’il y a du travail à faire, des lacunes à gommer. On va laisser le soin au sélectionneur de trouver des solutions.Il reste une dernière fenêtre FIFA en novembre. On attend de voir si les choses vont changer parce qu’au mois de novembre on sera encore plus proche de la compétition. Il y aura la réalité qui est la compétition. J’essaye toujours de faire la différence entre les matchs amicaux, la préparation et la compétition. Nous l’avons vécu en 2017. Personne n’avait mis une pièce sur notre victoire. Peut-être qu’on n’y croyait pas nous-mêmes (rires). Au fur et à mesure qu’on avançait dans la compétition, on voyait qu’on pouvait le faire. Aujourd’hui on parle des résultats de Rigobert qui ne sont pas en sa faveur, mais attention. Si demain il gagne la CAN, tout sera balayé d’un revers de la main.Samuel Eto’o est accusé de corruption par d’anciens dirigeants de la FECAFOOT. En tant qu’ex-international camerounais, comment voyez-vous tout cela ?
C’est compliqué de se positionner sur ce genre de fait. Ça reste encore des accusations. Il faudrait que ce soit prouvé. Je n’ai pas l’habitude de tirer sur quelqu’un qui n’est pas reconnu coupable des faits qui lui sont reprochés. Il faut respecter la présomption d’innocence. Je ne peux pas avoir de position sur ce sujet parce que j’attends encore qu’on nous ramène des preuves de ces accusations. Il ne faut pas se distraire. Eto’o est président de la FECAFOOT. Il sera jugé sur ses résultats, sur ce qu’il va apporter de plus ou de moins à la Fédération. Au niveau du championnat, du football de jeunes, de toutes les équipes nationales. C’est là où on l’attend. Il a fauté ou il n’a pas fauté ? Je suis très mal placé pour en juger.« On m’a souvent demandé pourquoi j’avais arrêté la sélection »
Le football camerounais a toujours été politisé avec des listes où le sélectionneur est mis sous pression. Avez-vous vécu cela lors de la Coupe du monde 2014 notamment ?
C’est ce que l’on a toujours entendu. Je dirais même que ce n’est pas une chose qui appartient seulement au football camerounais. Ça appartient à l’Afrique en général, je dirais dans le monde. Il y a certaines personnes qui aimeraient qu’untel joue, ou qu’un autre soit convoqué.Avez-vous eu à vous expliquer avec l’ancien sélectionneur Clarence Seedorf sur votre absence de sa première liste qui a conduit à votre retraite internationale en septembre 2018 ?
(Rires) Non, non, je ne l’ai pas eu au téléphone. On m’a souvent demandé pourquoi j’avais arrêté la sélection. Je ne veux pas ramener de polémique. Ça ne sert à rien. Ça a été une décision personnelle, mûrement réfléchie, prise avec du recul. Je pense toujours que c’était le bon moment, le timing était parfait. Je sortais d’une CAN magnifique qu’on avait remportée, je n’avais pas forcément d’explications. J’avais pris ma décision. J’ai apporté tout ce que je pouvais et j’ai estimé que légitimement ou pas, c’était le moment de me retirer et laisser la place à d’autres.« L’Afrique du Sud a bien fait d’aller chercher Broos »
Revenons sur le football africain. Pour la CAN, allez-vous mettre une pièce sur l’Afrique du Sud d’Hugo Broos, avec qui vous avez remporté la CAN 2017 ?
(Rires) Pour la petite anecdote, lors de la dernière CAN au Cameroun, j’avais vu une équipe qui m’avait fait forte impression. C’était la Gambie. À la sortie du premier match, j’en parle avec un collègue qui me dit : ‘non pourquoi, il n’y aucun joueur d’exception, pas un talent dans cette équipe gambienne’. Je lui dis qu’ils n’ont certes pas de joueurs exceptionnels mais ils ont un vrai collectif, ils ont une équipe. Je lui disais que cette équipe gambienne peut faire quelque chose même si elle ne va pas au bout. On a vu qu’elle s’est hissée en quart finale avec un état d’esprit et un joueur extraordinaire, Musa Barrow. La plupart de ces joueurs, on les découvraitPour en revenir à cette équipe d’Afrique du Sud, bien sûr qu’ils ont Hugo Broos comme sélectionneur et ils ont bien fait d’aller le chercher (rires). J’en parle souvent avec lui, on a gardé ce lien fort qui nous a uni pendant cette CAN 2017. Je lui dis que son équipe d’Afrique du Sud me fait beaucoup penser à la nôtre en 2017. Il me dit : ‘c’est vrai ?’ Je lui dis, ‘je suis bien placé pour le dire, je suis à l’extérieur et je les regarde souvent sur beIN’. Je lui ai dit qu’il était en train de créer ce qu’il a réussi à créer avec nous : une famille. Il n’a pas dans son équipe une superstar mais il a un collectif. Cela se voit sur le terrain. Les courses qu’ils mettent, la volonté et l’envie qu’ils ont de ne pas perdre. L’envie qu’ils ont chacun de jouer pour l’autre. Cette volonté de tacler, d’être solidaire. Je lui ai dit qu’il est en train de dégager une force collective qui je pense peut vous permettre d’aller loin à la CAN. Je ne suis pas sûr qu’ils vont gagner. Mais pour une équipe qui a raté la CAN en 2022, s’ils arrivent en quart finale, ce serait déjà un beau parcours. Ils sont allés chercher la perle rare, cet entraîneur qui sait comment gagner, qui a gagné avec le Cameroun.Allez-vous revenir un jour dans le football, devenir entraîneur ?
Le football, on ne le quitte pas (rires). Je n’ai pas passé mes diplômes d’entraîneur. Mais je parle de football au quotidien à travers RFI, beIN Sport. J’ai la chance de faire la Champions League, d’aller sur le terrain, de faire des plateaux télé. Le football m’a tout donné, il m’a permis de gagner une CAN, de subvenir aux besoins de ma famille. Quelque part je dois lui rendre en donnant des conseils aux jeunes qui débutent. Mes analyses que j’apporte sur les plateaux où j’essaie d’être objectif. Il faut toujours l’être. Même lorsque cela concerne son pays (rires). C’est souvent difficile de dire quelque chose de négatif. Mais il faut garder cette objectivité. Je ne m’en détacherai jamais