Au cœur de toute démocratie, la justice occupe une place centrale. Elle est censée garantir l’égalité devant la loi, protéger les droits fondamentaux des citoyens et assurer l’équilibre des pouvoirs. Lorsqu’elle est perçue comme défaillante ou biaisée, les fondements mêmes de la démocratie sont ébranlés. Au Sénégal, comme dans de nombreux pays, les relations entre les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire sont au centre de vifs débats. Dans ce contexte, Thierno Bocoum, Président AGIR, partage son analyse et ses inquiétudes concernant le rôle de la justice dans le paysage politique à travers un manuscrit . En effet, selon le leader de AGIR :
La justice tient une place primordiale au cœur de toute société démocratique. Elle est censée être un bastion contre les abus de pouvoir, garantissant les droits des citoyens et préservant l’équilibre entre les divers organes de l’État. Mais peut-on toujours dire cela de la justice sénégalaise?
« La justice ne peut et ne doit pas être un bras armé pour l’administration ». Cette phrase de Thierno Bocoum résonne aujourd’hui comme un appel face à des dérives préoccupantes.
Remontons à 2017. Le conseil constitutionnel, lors d’une demande d’avis du président de la République, avait surpris plus d’un en autorisant l’administration à permettre le vote des électeurs sénégalais par un simple récépissé d’inscription. Cette décision, prise en « parfaite violation des dispositions claires, pertinentes de la loi et de la hiérarchie des normes juridiques », avait suscité l’incompréhension et la colère de nombreux acteurs du paysage politique et juridique.
Plus récemment, la cour suprême est venue conforter cette tendance en autorisant la Direction Générale des Élections (DGE) à refuser de remettre des fiches de parrainage à un candidat, validant ainsi un acte que certains qualifieraient de répressif.
Au-delà de ces décisions judiciaires, l’autorité administrative s’est aussi permis d’entraver la liberté de mouvement de leaders politiques tels que Karim Wade ou Ousmane Sonko. Et ce, « sans aucune décision de justice ».
Si nous laissons l’administration, placée sous l’autorité de politiques au pouvoir, jouir d’un tel pouvoir de décision et d’action sans être contrebalancée par la justice, le risque est grand de voir notre nation glisser « directement vers le chaos ».
La mission du juge est claire et précise : « dire le droit et non de le combattre ». La justice doit se dresser en protectrice des droits des citoyens, en garante des libertés et en pourfendeuse des abus. Elle ne doit pas, en aucune manière, renforcer ces derniers.
Lorsque la justice déroge à ses principes fondamentaux, ce n’est pas seulement les acteurs politiques qui en pâtissent, mais bien « tout un peuple qui vote les lois à travers ses représentants et qui doit avoir le dernier mot quant aux choix de ses dirigeants ».
In fine Thierno Bocoum estime qu’Il est temps de prendre conscience que « l’injustice est une mauvaise semence. Semons dès à présent la justice et la paix. Exigeons-le de tous nos acteurs politiques ». Car la « restauration d’un État de droit » doit être une priorité absolue au Sénégal laisse entendre le leader de AGIR Thierno Bocoum.