Le « panier du ramadan », une tradition qui coûte cher aux Sénégalaises
Avec la hausse des prix, la coutume du « soukeurou koor », qui consiste à offrir des cadeaux à la belle-famille à l’occasion du mois saint, peut devenir un vrai fardeau.
En ce début de ramadan, les rayons des supermarchés de Dakar, la capitale sénégalaise, débordent de paniers en osier remplis de sucre, de café, de lait, de dattes ou de chocolat. Sur les réseaux sociaux, ce sont les offres de coffrets comprenant tissus, parfum, foulard, tapis de prière et Coran qui foisonnent. A l’origine, ces paniers de ramadan, appelés soukeurou koor, étaient une tradition par laquelle les femmes mariées offraient de quoi rompre le jeûne à leur belle-famille. Mais avec le temps, les cadeaux se sont diversifiés et sont devenus plus coûteux – comprenant bijoux, vaisselle, voire parfois voiture ou billet d’avion pour La Mecque –, au point de devenir un fardeau pour certaines épouses, en particulier en cette période de hausse des prix.
Coincée entre des piles de tissus wax dans son étroite boutique du marché artisanal de Soumbédioune, à Dakar, Adji Daba a déjà décidé qu’elle n’offrirait pas de soukeurou koor à sa belle-famille cette année, faute de moyens. « Au début de mon mariage, je le faisais tous les ans car c’est un geste pour gâter ma belle-mère ou ma belle-sœur », explique cette mère d’un garçon de 11 ans. Mais depuis l’épidémie de Covid-19 et la désertion des touristes étrangers, ses revenus se sont effondrés. Adji Daba a arrêté en 2021 de distribuer les paniers remplis de sucre, de lait, de vêtements ainsi que d’une enveloppe contenant de l’argent – jusqu’à 100 000 francs CFA (150 euros). « Et ce n’est pas cette année que je vais reprendre, alors que tout est devenu encore plus cher à cause de la guerre en Ukraine », se désole-t-elle.