Appel à la résistance : Ousmane Sonko reçoit un soutien majeur !

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Ousmane Sonko est actuellement sous haute surveillance à la cité Keur Gorgui. Suite à cet événement, 50 universitaires sénégalais ont publié une Tribune dans laquelle ils appellent à la « Résistance ». Ces enseignants, issus de diverses universités et affirmant invoquer leurs droits constitutionnels, expriment leur opposition face à « l’arbitraire » en manifestant une résistance morale. Selon eux, la seule solution viable est de recourir à ce droit constitutionnel qu’est la Résistance.

Ils ont également dénoncé les mesures arbitraires auxquelles Ousmane Sonko est soumis, y compris des brimades de toutes sortes. Ces mesures ne reposent sur aucune base légale ni légitime… Ils affirment que la participation du leader de Pastef aux prochaines élections présidentielles de 2024 est menacée par un rouleau compresseur juridico-politique. Depuis l’accession de Macky Sall au pouvoir, les droits de participation et de compétition électorales de l’opposition politique sénégalaise sont régulièrement confisqués, ont-ils ajouté.

In extenso, la tribune de ces 50 universitaires :

Lorsque les principes sur lesquels repose l’idéal démocratique, à savoir la participation et la compétition électorales, sont piétinés, la démocratie devient un leurre. Pour éviter ce piège, les systèmes politiques démocratiques veillent au pluralisme et au respect des droits de l’opposition. Cette dernière permet la représentation du corps social dans son entièreté empêchant ainsi que des citoyens en divergence avec l’exécutif ne soient des exclus, d’une part.

D’autre part, l’opposition politique est d’autant plus importante dans un système démocratique qu’elle joue un rôle de contre-pouvoir qui évite au régime, en l’occurrence présidentialiste, de sombrer dans l’arbitraire. Au-delà de cet important rôle de sentinelle, l’opposition est tenue de proposer aux citoyens une offre politique alternative. Hélas, depuis que Macky Sall est devenu le Président de la République, les droits de participation et de compétition électorales de l’opposition politique sénégalaise sont régulièrement confisqués. De 2014, à nos jours, et ce en dépit d’une disposition constitutionnelle garantissant depuis 2016 au chef de l’opposition un des statuts les plus importants dans la hiérarchie des principaux acteurs du fonctionnement de notre république démocratique, le pouvoir est dans une logique de rétrécissement du pluralisme démocratique. Cette entreprise totalitaire a été énoncée à haute voix par le Président Macky Sall à travers sa fameuse et non moins fumeuse sentence : « je réduirai l’opposition à sa plus simple expression ». Joignant l’acte à la parole, il a pris des mesures spectaculaires d’écrasement de l’opposition. Le parrainage et la loi électorale comportent des dispositions qui rendent aisée cette entreprise machiavélique parfois facilitée par la transhumance et surtout par des procès politiques qui sonnent comme la mise à mort préventive d’opposants.

Pour rappel, c’est en 2014 qu’un quadragénaire sénégalais du nom de Ousmane Sonko a créé, avec d’autres cadres soucieux d’un meilleur Sénégal, un parti, PASTEF-Les Patriotes. Le projet politique qu’ils ont proposé à leurs compatriotes et dont les mots-clés sont, entre autres, la souveraineté, le patriotisme économique, l’éthique en politique, la méritocratie, la transparence dans les affaires publiques, la bonne gestion des ressources naturelles, fait l’objet d’une persécution qui a fini par prendre l’allure d’un terrorisme d’État puisqu’elle procède d’une démarche méthodique et systématique qui engage toutes les institutions étatiques ainsi que tous les moyens de contrôle et de contrainte relevant de la puissance publique. Ousmane Sonko est banni des médias publics. Les actes d’intimidation et d’agressions des forces de l’ordre à son encontre ne se comptent plus. Le 16 février 2023, le monde entier a pu voir une unité d’élite de la Police nationale briser avec une violence inouïe la vitre de son véhicule, le gazer, avant de l’en extraire pour le conduire manu militari au Palais de justice de Dakar où il était convoqué pour une affaire de diffamation. Une clinique privée où il a été soigné a, par la suite, fait l’objet d’une perquisition et le directeur de cette structure a été persécuté, traîné dans la boue, déféré au parquet et mis sous contrôle judiciaire.

Les abus de surveillance concernant Ousmane Sonko sont légion. À tel point qu’un véhicule suréquipé des services de renseignement avait été immobilisé par sa garde rapprochée, aux abords de sa maison, en mars 2021. Le déni de justice le concernant est effarant. Député, le Parquet l’a fait convoquer en février 2021, sans éprouver le besoin de lever au préalable son immunité parlementaire. Pour avoir dénoncé le braconnage des finances publiques, il vient d’être condamné dans une abracadabrantesque affaire de diffamation à… 200 millions de francs CFA de dommages et intérêts, assortis d’une contrainte au corps et à six mois de prison avec sursis.

Actuellement, près de quatre cents (400) militants de PASTEF-Les patriotes dont une quinzaine de cadres de son parti croupissent dans les geôles de Macky Sall pour délits d’opinion, de réunion ou de circulation. Des journalistes et des activistes qui ont eu le courage de lancer des alertes ou de dénoncer les injustices répétées contre Sonko sont en prison. Des étudiants affiliés à PASTEF ont récemment déploré des pressions qu’ils auraient subies, en milieu académique, du fait de leur affiliation politique. Les droits élémentaires d’aller et de venir de Sonko sont régulièrement bafoués, au vu et au su de tous. Il est empêché de sortir du territoire national depuis mars 2021 alors qu’il est le maire de la ville de Ziguinchor. Son domicile est régulièrement barricadé sans aucun mandat décerné en ce sens par la justice. Cette semaine même, la caravane de la liberté qu’il a initiée a été traquée par un impressionnant dispositif sécuritaire qui a tiré frénétiquement des grenades lacrymogènes sur ses militants. Un citoyen sénégalais, un de plus, un de trop, vient de perdre la vie dans cette répression aveugle. Rappelons qu’entre mars 2021 et maintenant, c’est une vingtaine de Sénégalais qui ont succombé à cette persécution. Ce dimanche 28 mai 2023, Ousmane Sonko a été enlevé aux environs de Kounghel puis déporté à Dakar à bord d’une fourgonnette de l’unité d’élite de la Gendarmerie nationale, le GIGN. Sa demeure est à nouveau assiégée et l’accès interdit à ses plus proches collaborateurs.

Ce traitement inique fait au leader de PASTEF a été devancé, il faut bien le dire, par une cynique campagne de diabolisation contre sa personne. Ousmane Sonko a été, tour à tour, présenté comme un « terroriste », un « djihadiste », un « fasciste », un « populiste », un « rebelle », un « manipulateur », un « violeur », etc. En réalité, cette campagne de diabolisation sans précédent de Sonko avait pour objectif de le déshumaniser et de lui faire arborer le visage du monstre pour en retour le persécuter sans susciter l’once d’une indignation de l’opinion publique nationale ou d’un soupçon de condamnation de la communauté internationale.

Aujourd’hui, un lourd rouleau compresseur juridico-politique menace sa participation à l’élection présidentielle de 2024. Face à cette situation, nous, citoyens, intellectuels et universitaires sénégalais, qui avons librement choisi PASTEF comme formation politique, Ousmane Sonko comme leader, et JOTNA comme programme alternatif de sortie d’un système présidentialiste, néocolonialiste et clientéliste de prédation et de corruption, invoquons notre droit constitutionnel de résistance à l’oppression et appelons nos compatriotes à faire de même ! Car au fond, quels que puissent être le statut professionnel et la condition sociale à partir desquels nous observons cette heure sombre de l’histoire du Sénégal, il est un fait objectif : la démocratie sénégalaise n’est plus ! Nous nous réveillons à présent en tyrannie ! Désormais, des millions de Sénégalais savent que leurs libertés et même leurs vies, sont entre les mains de basses coteries dans lesquelles on échafaude de jeter le Sénégal dans la terreur. Désormais, on sait que toutes les paroles des nantis qui font partie de ces coteries sont juste pour se rassurer, juste pour nier, juste pour faire croire, juste pour entretenir, éventuellement, les litanies moqueuses qui se gargarisent des mots douteux de tous les régimes devenus fous, furieux et sanguinaires : « Force restera à la loi ! », « Quoi qu’il nous en coûte… ». Aujourd’hui, comme hier d’ailleurs, des élites à la solde sont les jouets de la manoeuvre, menant, pour quelques privilèges, la part bureaucratique, policière et judiciaire de la sale besogne. C’est dire que même structurellement déficiente et politiquement otage de quelques dirigeants, des indépendances à nos jours, jamais la démocratie sénégalaise n’avait été la vulgaire et meurtrière farce qu’elle est devenue avec le régime de Macky Sall.

Qui aurait pu d’ailleurs sérieusement imaginer, surtout après les Assises nationales, que cette phase tragique de l’histoire du Sénégal serait un possible dans la série de tous les choix urgents et pertinents qui s’offraient à cette terre-mère nôtre ?

C’est pourquoi, nous convions à la résistance tous nos compatriotes soucieux de la cause du peuple et qui voudraient faire triompher son aspiration à une gouvernance démocratique fondée sur la souveraineté populaire et l’indépendance réelle. Il n’y a pas en réalité d’issue hors de ce droit constitutionnel qu’est la résistance ! Bien avant le « ce n’est pas la police mais le silence qui tue » qu’on a vu fleurir, ces dernières années, dans d’autres situations de résistance, Cheikh Anta Diop nous enseignait ceci : « Tous les intellectuels, tous les patriotes doivent comprendre que le combat que nous menons en ce moment est le leur ; c’est le combat qu’il importe de mener avec ténacité pour que l’ère des menaces grotesques, de la crainte, de la peur sous ses formes variées, économique, physique, soit révolue. C’est le combat pour la vraie liberté individuelle, pour la dignité. Si des Bokassa et des Idi Amin Dada ont pu exister en Afrique, c’est parce que des intellectuels et des cadres africains ont abdiqué leur responsabilité, ont préféré ronger des os, au lieu de s’occuper de l’essentiel, c’est-à-dire de la sauvegarde des droits imprescriptibles du citoyen, pensant que cela présentait moins de risques. Les intellectuels, tous les citoyens lucides, doivent opposer une résistance morale à l’arbitraire» (1979).

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