Manque de transparence, tentative de spoliation foncière voilà ce que dénoncent les populations de Yenn Dialaw, zone devant abriter le futur Port Minéralier et Vraquier de Ndayane. Regroupés autour d’un collectif dénommé « Dialaw », ces impactés ont exigé du directeur du Port Autonome de Dakar, plus de transparence dans la gestion du projet.
Les membres du collectif Dialaw ont manifesté, dimanche 05 mars, afin d’exprimer un soupçon de scandale foncier dans le projet du futur port de Ndayane. Selon Zeynab Barry, le porte-parole du collectif, il y aurait un « un détournement d’objectifs du projet ». Ces impactés révèlent que « les besoins en terres sont successivement passés de 300 à 600 hectares, puis 1200 hectares, sans compter 600 hectares additionnels alloués à Dubaï Port World (DP World) ».
Par ailleurs, « le tracé des limites du Port de Ndayane change au gré des affinités des élites politiques du pouvoir, foulant du pied la notion-même dite d’utilité publique, qui est avancée comme justification de la mainmise sur les terres avoisinant les limites originelles du futur port » peste madame Barry.
Ils dénoncent en outre la non-implication de l’ensemble des impactés dans les négociations tout en tenant pour principal responsable Mountaga Sy, le directeur général du port autonome de Dakar : « Il n’y a pas eu de dialogue exhaustif avec tous les groupes de potentiels impactés. Le DG du PAD s’est choisi un ‘collectif de paille’, composé d’une dizaine de personnes dont les propriétés pourraient être extraites du périmètre du Port de Ndayane. Le DG du PAD, mis en avant dans la presse actuellement, n’est pas l’agent de l’État juridiquement habilité pour mener ce processus. La procédure d’expropriation pour cause d’utilité publique ne remplit aucune des formalités substantielles exigées par la loi. Aucune notification n’a été faite aux potentiels impactés dans les règles de l’art. L’administration sillonne la zone et fait ses recensements avec une légèreté qui n’honore pas l’administration sénégalaise ».
Face à ces nombreuses suspicions, les habitants de Dialaw disent avoir rejeté « les montants des impenses proposées, faites dans le cadre de pseudo “Commissions de Conciliation” ». Un fait qui serait même constaté par « Le DG du PAD, ainsi que les Préfets mobilisés ». Les populations réfutent également l’affirmation selon laquelle, « “95% des impactés sont du département de Mbour, 5% du département de Rufisque (280 sur 5.460 personnes) » ». Elles expliquent que « du fait d’un déplacement insidieux des limites régionales entre Dakar et Thiès, le futur port, en majorité sur le territoire historique de Yene, se trouve commodément à Ndayane ». Le collectif suspecte ainsi « que ce “tour de passe-passe géographique” est fait à dessein pour enlever toute légitimité à la contestation des ayants droit à Yene ».
Convaincu qu’elles sont en train de vivre une injustice, les populations ont adoptés les résolutions suivantes:
« 1. Le COLLECTIF DIALAW exige au DG du PAD et aux autorités administratives qui lui servent de bras opérationnels, d’arrêter l’intimidation des populations.
2. Le COLLECTIF DIALAW informe le Président de la République, M. Macky SALL, que les autorités administratives qui sont sous ses ordres, sont à la manœuvre d’opérations illégales, injustes, improvisées et attentatoires aux droits et à la dignité des populations. Le COLLECTIF DIALAW dénonce les déclarations irresponsables de M. Mountaga SY sur l’imminent démarrage des travaux, alors qu’aucun préalable n’est rempli.
3. Le COLLECTIF DIALAW appelle les responsables de Dubaï Port World à faire preuve de lucidité face à cette situation injuste envers les populations impactées par le projet du Port de Ndayane. Nous nous réservons le droit de poursuivre cette procédure auprès de toutes les instances internationales habilitées, judiciaires comme arbitrales ».
Pour rappel le collectif Dialaw réunit les habitants des communes de Yenne, Sendou, Diass, et Ndayane. Ladite organisation a vu le jour afin de préserver les intérêts des populations et de promouvoir un développement inclusif et durable au sein de la région naturelle de Dialaw. S’agissant du port de Ndayane, le président sénégalais Macky Sall avait annoncé au mois de janvier 2023 que les travaux physiques du projet pourraient démarrer ce même mois. « Nous avons levé toutes les contraintes liées au financement, et l’État a rempli toutes ses obligations pour que ce grand projet puisse démarrer », avait-il indiqué à l’occasion du 2ème sommet sur le financement des infrastructures en Afrique le jeudi 2 février.