Au lendemain de la défaite inaugurale du Qatar contre l’Equateur (2-0), tous les regards seront d’abord braqués vers les adversaires des Anglais lundi après-midi (14h00): les joueurs iraniens afficheront-ils leur solidarité avec les victimes des manifestations qui ensanglantent l’Iran?
Pour la première fois dans une Coupe du monde moderne, les trois rencontres de lundi vont se dérouler dans un périmètre très restreint: quelques kilomètres séparent le stade Ahmed Ben Ali (40.000 places), dans l’ouest de la capitale qatarie, le stade Al Thumama (40.000 places) dans le sud, et le stade international Khalifa (40.000 places) à mi-chemin.
Comment les autorités qataries vont-elles gérer ces flux de population inédits dans un pays de moins de trois millions d’habitants?
C’est aussi un test crucial pour le dispositif de sécurité avec la venue des bouillants supporters anglais, qui seront privés de bière au stade pour l’entrée en lice des « Three Lions » contre l’Iran.
Le match d’ouverture dimanche s’est déroulé sans accroc logistique, même si les tribunes se sont vidées en seconde période face à la déconfiture des joueurs locaux, premier pays hôte du Mondial battu dès son entrée en lice.
Lundi, le Qatar Tribune a titré en première page « Extraordinaire! » à propos de l’ouverture du Mondial. Le quotidien qualifie la cérémonie d’ouverture de « scintillante » mais son compte-rendu du match pointe surtout des « débuts cauchemardesques ».
De leur côté, certains supporters ont été refroidis par la volte-face des organisateurs qui ont subitement décidé vendredi de ne pas vendre d’alcool autour des stades.
« Si ça veut dire que tout est rediscutable, quid de la sécurité des supporters LGBT, de la possibilité de soutenir son équipe en étant debout au stade, de la possibilité de s’embrasser dans la rue? », interroge Ronan Evain, directeur général de l’association Football Supporters Europe.
Les derniers jours ont été dominés par une nouvelle controverse autour de la volonté de plusieurs sélections européennes de porter un brassard à bandes colorées en faveur de la diversité: la Fifa, qui a appelé chacun à « se concentrer sur le football », a réagi en proposant ses propres brassards à messages consensuels.
Harry Kane pourrait être lundi le premier capitaine à ceindre ce brassard « One Love », dribblant les consignes de la Fifa, alors qu’Hugo Lloris, capitaine des champions du monde français qui débutent mardi contre l’Australie, ne compte pas l’arborer.
Dimanche, l’Angleterre a néanmoins souligné que la décision était suspendue à des discussions en cours avec la Fifa.
Car la réglementation sur les équipements prévoit que les capitaines portent « les brassards fournis par la Fifa » lors des phases finales. Dans le cas contraire, l’arbitre peut demander au joueur de quitter le terrain pour « corriger sa tenue », et en cas de non respect de cette consigne, le joueur peut être averti, à l’appréciation de l’arbitre.
De quoi faire réfléchir les joueurs concernés, comme l’a reconnu lundi le sélectionneur danois Kasper Hjulmand: « Aller sur le terrain et prendre un jaune, ce n’est pas possible », a-t-il dit. « On ne peut pas demander aux joueurs d’assumer ça. C’est à notre fédération de décider. »
Sur le terrain, les Anglais vice-champions d’Europe 2021 sont favoris du groupe B et doivent le prouver face à l’équipe d’Iran, minée depuis plusieurs semaines par les manifestations suivies de violentes répressions qui déchirent le pays et fissurent l’unité autour de la sélection.
Dans la foulée (17h00), la toute première affiche du tournoi va opposer le Sénégal, champion d’Afrique, aux ambitieux Pays-Bas du sélectionneur Louis van Gaal, avant un duel d’outsiders entre pays de Galles et Etats-Unis (20h00).
Alors que les blessures ont évincé plusieurs grands noms, comme le Ballon d’Or Karim Benzema, la star sénégalaise Sadio Mané (forfait) et l’attaquant vedette néerlandais Memphis Depay (ménagé) manqueront aussi à l’appel lundi…
Quant au Portugais Cristiano Ronaldo, il espère laisser derrière lui son conflit très médiatisé avec son club de Manchester United: ces démêlés « n’ébranleront pas » le Portugal, qui entre en scène jeudi contre le Ghana, a-t-il assuré lundi matin.