Sadikh Diop met en garde : « À force de recourir aux forces de l’ordre, elles vont finir par croire qu’elles sont la solution »
Un mauvais signal envoyé aux forces de l’ordre. Telle est l’analyse de Sadikh Diop sur les incidents qui ont émaillé la tournée politique d’Ousmane Sonko à Joal. L’éditorialiste et ancien présentateur d’émission politique sur « Canal info » a sévèrement mis en garde le pouvoir, notamment le chef de l’Etat contre le recours abusif aux forces de l’ordre dans des conflits politiques.
« A force de recourir aux forces de l’ordre, elles vont finir par croire qu’elles sont la solution », alerte-t-il dans sa dernière chronique consacrée à l’intervention de la gendarmerie à Joal lors du Nemeku tour d’Ousmane Sonko qui rencontre ses militants en vue de la présidentielle de 2024.
Aux autorités administratives, lance-t-il, « il faut refuser d’arbitrer un débat politique ou d’être embarqués dans des querelles politiques ». « Ni le préfet ni le sous-préfet ne doivent arbitrer le débat politique, encore moins les forces de l’ordre. L’arène politique est ouverte à tous et chaque leader a le droit de parler aux citoyens sans que les forces de l’ordre s’en mêlent. Maintenant, s’il y a des menaces avérées de troubles à l’ordre public, préfet et sous-préfet sont mieux indiqués pour apprécier la situation, mais ils doivent refuser de recevoir des injonctions venues d’en haut surtout dans le domaine de la sécurité des Sénégalais. Un préfet, un commandant de zone, doivent prendre leurs décisions en toute souveraineté et ne pas être de simples exécutants car cette attitude les rabaisse aux yeux des citoyens. Nous devons respect et considération à ces forces de l’ordre, et pas l’inverse», ajoute-t-il.
Et d’insister : « Ceux qui ont en charge la sécurité des Sénégalais ne doivent pas interférer dans le jeu politique, ni obéir à des ordres sous-tendus par des objectifs politiques. Ils doivent refuser d’être le bras armé du pouvoir pour neutraliser des adversaires du pouvoir. C’est le fait même de vouloir interdire ces manifestations qui crée un trouble à l’ordre public », regrette l’éditorialiste. Non sans rappeler que « ces forces de l’ordre veillent sur notre sécurité à toute heure. Donc le pouvoir doit éviter de les fragiliser ou de les mettre dans une position où le peuple éprouve du mépris à leur égard ».